Fukushima : le cauchemar continue
13 avril 2012
FUKUSHIMA : LE CAUCHEMAR JAPONAIS CONTINUE
Alors que le gouvernement japonais vient de décréter l’arrêt à froid des réacteurs de Fukushima, un journaliste japonais indépendant, Tomohiko Suzuki, a donné une conférence de presse très instructive. Cet homme courageux, journaliste de terrain, s’était fait embaucher à la centrale de Fukushima Daiichi comme ouvrier par l’intermédiaire d’une filiale de Toshiba. Il a pu ainsi enquêter à l’intérieur même du site du 13 juillet au 22 août 2011, assigné à une tâche liée au retraitement de l’eau contaminée.
Ses révélations décapantes nous amèneront à nous interroger une nouvelle fois sur la disparition de dizaines, voire de centaines d’ouvriers sur les listes administratives de la centrale nucléaire.
ENQUETE HEROÏQUE D’UN JOURNALISTE INDEPENDANT
Tout d’abord, les déclarations de Tomohiko Suzuki sont à l’opposé de la communication officielle qui proclame que tout est sous contrôle. Selon lui, aucun progrès n’a été fait vers une quelconque sortie de la crise nucléaire : seuls des travaux de façades ont été effectués pour faire croire à une maîtrise de la situation. On peut citer en effet l’installation de la tente de protection du réacteur n°1 et le nettoyage de la façade sud du réacteur n°4. Il s’agit d’actions concrètes et visibles propices pour donner une image de maîtrise de la situation. Or en réalité il n’en est rien. Ces actions de sécurisation à court terme ne règlent aucun problème.
En effet, on ne sait toujours pas quoi faire de l’eau contaminée par le refroidissement des réacteurs, eau que l’on essaie de retraiter mais qui en fait s’entasse sur le site, au risque de la voir se répandre par des fuites diverses dues à des failles dans le sol, à des tuyaux de mauvaise qualité, à des normes techniques différentes selon les entreprises qui interviennent, et peut-être cet hiver à cause du gel de certains circuits exposés en plein air. Au 15 novembre, les réservoirs installés sur le site pouvaient contenir 106 000 tonnes d’eau contaminée. S’il n’y avait pas une pression de l’opinion public, TEPCo aurait déjà relâché cette eau dans la mer.
Tomohiko Suzuki témoigne également des conditions de travail inadmissibles, de l’absence de vérification de la qualification des intérimaires, de la guéguerre entre les constructeurs Toshiba et Hitachi qui dissimulent des données qu’ils devraient partager. Toutes ces informations sont habituellement cachées au Japon car les ouvriers du nucléaire n’ont pas le droit de parler, comme cela est stipulé dans leur contrat d’embauche. C’est pour cela que cette conférence de presse est exceptionnelle. Les informations sont de première main et c’est suffisamment rare pour être remarqué.
Pour lui, il fallait évacuer une zone de 80 km autour de la centrale, comme les Etats-Unis l’avaient préconisé pour leurs propres ressortissants. « Il ya des gens qui vivent dans des zones où personne ne devrait être. C’est presque comme s’ils vivaient à l’intérieur d’une centrale nucléaire », explique Suzuki.
Tomohiko Suzuki a ainsi dénoncé les dangers et les risques pour la santé des travailleurs. Il existe d’ailleurs toujours des doutes sur l’état de santé des travailleurs que TEPCo a « perdu » de ses listes dans les premiers mois et qu’il serait « impossible » de retrouver aujourd’hui. Il est impossible de savoir aujourd’hui où sont passés les ouvriers disparus.
Les travailleurs de Fukushima sont furieux d’avoir entendu leur premier ministre déclarer que non seulement la température dans les réacteurs avait baissé mais que la situation était désormais sous contrôle : « Le gouvernement ment » ; « Je ne comprends pas ce qu’il dit » ; « On ne peut même pas entrer dans les bâtiments et on ne sait même pas comment récupérer les combustibles ». Un des travailleurs qui regardait la conférence à la télévision commenta aussi : « J’ai cru que je ne comprenais plus le japonais. Je ne crois pas qu’il parle de la centrale que je vois tous les jours. Il nous faudra encore des années pour pouvoir gérer la situation… »
ET PENDANT CE TEMPS-LA….
Les grands médias francophones diffusent en continu une information officielle rassurante (Je vous laisse deviner qui titre quoi !):
– L’accident nucléaire de Fukushima est considéré comme terminé
– Fukushima : le Premier ministre japonais se veut rassurant
– Fukushima: le gouvernement décrète l’état d’arrêt à froid
– Etranger : À Fukushima, l’état des réacteurs stabilisé
– Fukushima : les réacteurs sont froids, la situation se stabilise
– Fukushima: une étape franchie pour la stabilisation du site
– Fukushima: la situation se stabilise à la centrale
– Fukushima: arrêt à froid des réacteurs
– La centrale nucléaire de Fukushima stabilisée
– Japon: la procédure d’arrêt à froid de Fukushima menée à bien
– L’accident nucléaire de Fukushima est désormais considéré comme terminé
– Fukushima : les réacteurs officiellement en “arrêt à froid”
– Les réacteurs de Fukushima sont arrêtés
– L’arrêt à froid des réacteurs de Fukushima confirmé
– Réussite de la procédure d’arrêt à froid
– Situation stable à la centrale de Fukushima
– etc…
Alors que les Japonais soit pleurent, soit sont en colère en entendant leur premier ministre annoncer cet « arrêt à froid », le reste du monde est hilare ou ahuri devant ce mensonge d’état. Le monde entier ? Non, la France aux 58 réacteurs soupire d’aise et se donne pour objectif de construire 30 nouveaux EPR d’ici 2050…
L’OMS SOUS LE BOISSEAU
Il y a plus de 50 ans l’OMS avait déclaré que toutes les radiations produites par l’homme sont nuisibles à l’être humain sur le plan génétique. On ne peut être plus clair ! C’est ce qui a incité l’AIEA (Agence internationale pour l’énergie atomique à mettre sous tutelle l’OMS. C’est encore le cas aujourd’hui : Les promoteurs de l’énergie nucléaire (qui sont aux commandes de l’AIEA) contrôlent l’OMS. La désinformation protège l’atome. Un rapport de l’OMS dit néanmoins : « La solution la plus satisfaisante pour l’avenir de l’énergie atomique serait de voir monter une nouvelle génération qui aurait appris à s’accommoder de l’ignorance et de l’incertitude ». Incroyable mais vrai !
Heureusement, la Suisse, l’Allemagne, l’Autriche et l’Italie ont entamé une sortie du nucléaire pour sortir de cette EDM (Energie de destruction massive) développée grâce à une imposture dans laquelle l’OMS s’est retrouvée piégée et condamnée au silence. Quittons au plus vite cette énergie obsolète dont les victimes se comptent par milliards. Le docteur R. Bertell (Prix Nobel) les estimait à 1,3 milliards pour la période de 1943 à 2000 seulement. Et n’oublions pas que nous devons gérer pendant les centaines de milliers d’années à venir les déchets de cette industrie qui, selon le président Sarkozy « est l’une des grandes fiertés de la France ! »
LE NUCLEAIRE EST SANS AVENIR par Jeremy RIFKIN :
Le nucléaire, c’est terminé ! Je préside un groupe des 120 compagnies les plus importantes du monde. Elles savent que le nucléaire est fini. Voici pourquoi :
Il existe dans le monde 443 centrales nucléaires. Elles sont vieilles et ne représentent que 6% de toute l’énergie que nous produisons.
On ne sait toujours pas quoi faire des déchets nucléaires. Aux USA on a dépensé 8 milliards de dollars pour faire une voûte dans une montagne pour stocker ces déchets mais il y a eu des problèmes avec les fondations. Car la planète est en perpétuel mouvement à cause des plaques tectoniques. On ne peut donc les stocker nulle part.
Le moindre petit accident peut provoquer un nouveau Fukushima.
40% de toute l’eau potable consommée en France est utilisée pour refroidir les réacteurs nucléaires. Quand cette eau est rejetée, elle est chaude et déshydrate les écosystèmes nécessaires à un secteur agricole vivant et durable
Extraits d’infos de Sortir du nucléaire